jeudi 21 mai 2015

Le mystère du Coq Rouge

Le mystère du Coq Rouge.

Couverture pour la première année du Coq Rouge 
En mai 1895, une nouvelle revue littéraire très confidentielle paraît à Bruxelles. Sa couverture est illustrée d'un flamboyant coq rouge Art nouveau qui donne son titre à la revue. 
120 ans plus tard, personne ne semble savoir qui a dessiné ce volatile... et pourtant... Et pourtant la réponse se trouve le 24 juillet 1897 dans le numéro 203 de la Revue encyclopédique publiée par Larousse. Ce numéro de 60 pages grand format consacré intégralement à la Belgique artistique et littéraire compte parmi tous ses contributeurs le gratin national des belles lettres de l'époque: Eugène Demolder, Georges Eeckoud, Camille Lemonnier, Octave Maus, Maurice Maeterlinck, Albert Mockel, Edmond Picard, Émile Verhaeren...

Extrait de la Revue Encyclopédique n°230
Albert Mockel attribue le dessin du Coq Rouge
à Théo Van Rijsselberghe
 L'article d'Albert Mockel consacré aux Lettres françaises (de Belgique) est illustré non seulement de 11 portaits d'écrivains mais aussi d'un dessin, un seul : le Coq rouge que Mockel attribue au peintre ...Théo Van Rysselberghe. Et ici on peut lui faire confiance car dans l'ensemble du n° 230 de la Revue encyclopédique 52 oeuvres d'art belge sont reproduites et correctement attribuées (dont... un tableau de Théo Van Rysselberghe). L'erreur est donc invraissemblable.


Et pourtant cette information n'a jamais été reprise dans les ouvrages consacré au travail d'illustrateur de Théo Van Rysselberghe... Les raisons semblent évidentes:
1)la Revue Encyclopédique est un peu oubliée aujourd'hui et
Editorial du 1er n° du Coq rouge
2) le nom du dessinateur du coq n'est jamais mentionné dans la revue. En revanche, dans le premier numéro, l'article éditorial présentant les objectifs de la revue commence par la lettre “E” incluse dans une image réduite de la couverture et cette image est “signée” XH. XH ce sont les initiales probables de Xavier Havermans, l'éditeur de la revue... Il n'en fallait pas plus pour que le coq devienne une oeuvre de Xavier Havermans ou XH par ailleurs inconnu comme artiste. A y regarder de près d'ailleurs le dessin de 
Lettrine signée XH 
la vignette diffère radicalement de celui de la couverture: ce n'est pas une reproduction photographique réduite du coq mais un plagiat assez maladroit. Conclusion: XH a probablement dessiné le coq de la lettrine, mais manifestement pas celui de la couverture...  Ce dessin , toujours signé des mêmes initiales, réapparaîtra l'année suivant au dos de 5 numéros du Coq Rouge, la lettre “E” étant cette fois remplacée par  Le /Coq Rouge/Revue/Littérairsur 4 lignes. Cette nouvelle version du Coq apparaît pour la dernière fois en septembre 1896... 
Le Coq rouge de Théo Van Rysselberghe dans toute sa splendeur
Ce n'est donc pas par erreur et encore moins par pur hasard qu'Albert Mockel a choisi en juillet 1897 de reproduire dans la prestigieuse Revue Encyclopédique le frontispice (ou plutôt l'illustration de la couverture) de la très modeste revue Le Coq rouge dans un numéro spécial  consacré aux grandes figures de la littérature et des arts belges “fin-de-siècle”. Une façon discrète mais essentielle pour lui de rendre à Théo ce qui appartenait à Van Rysselberghe.



1 commentaire:

  1. Merci monsieur pour écrire l'article. Je suis occupé à étudier toutes les ressources dont James Ensor disposait pour son art. Je 'tombe' aussi sur l'aspect 'litérature', ce qui est évident. Le Coq rouge est certainement une revue qui James à bien connue.
    Gondry Dominique

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