mercredi 16 octobre 2013


Georges Broeckaert 
Maître-artisan du vitrail Art nouveau 
Inventeur de... la ligne claire

Détail d'un  vitrail 
Eglise Saint-Boniface d'Ixelles 
  (seconde moitié du XIXème siècle)
Au 19ème siècle, l'industrie du vitrail bat son plein à Bruxelles. Les commandes affluent. De généreux donateurs, très soucieux du salut de leurs âmes, offrent vitraux sur vitraux aux églises de leur paroisse. C'est le cas notamment dans la toute nouvelle paroisse Saint Boniface d'Ixelles dont l'église, première église néo-gothique de Bruxelles, fut bâtie entre 1845 et 1857 
(pour en savoir plus sur cette église : tchorski.morkitu.org/6/boniface-01.htm )
                                        
Jusqu'à la fin du XIXème siècle, des vitraux du même genre mais avec des thèmes  plus profanes ornent encore des maisons particulières, même quand  l'architecte est une des vedettes de l'Art nouveau, comme Gustave Strauven. 



Vitrail romantique (verre peint) inspiré par  la légende du Docteur Faust dans une maison construite par Gustave Strauven, 30 rue Saint Quentin (1899) 
         
Pendant ce temps, d'autres artisans se lancent résolument dans le modernisme (sans abandonner pour autant la tradition... Question de clientèle, bien sûr!). Parmi ces artisans oubliés, Georges Broeckaert installé dans le quartier nord, au 16 rue des Charbonniers (Saint-Josse). Il s'était d'abord spécialisé dans la peinture dorée sur verre car la demande était considérable : dans toute bonne maison bourgeoise et dans tout édifice public important on trouvait  ce type de vitrage (généralement dans les styles les plus conventionnels : Rennaissance, Louis XIII, XIV, XV, XVI, Empire etc.). 
Peinture avec rehauts d'or sur verre.
Hôtel de ville de Saint-Gilles.
Style Renaissance Louis XIII (1904)
Mais dans les dernières années du siècle,  Georges Broeckaert   se lance résolument dans l'aventure de l'Art nouveau et imagine des vitraux en rupture totale avec la tradition. 


Projet de verrière zénitale. Dessin non signé retrouvé avec un lot d'archives 
de G. Broeckaert. 
Mine de plomb et aquarelle (230/225mm)





Projet de vitrail pour grande verrière. 

  Dessin non signé  retrouvé parmi des archives Broeckaert. Mine de plomb (220/231mm)

Comme on le voit, Georges Broeckaert, et ceux qui ont travaillé avec lui, inventent en quelque sorte la ligne claire pour le vitrail. Avec le même objectif que les architectes Art nouveau:  laisser pénétrer la lumière à l'intérieur des maisons, enluminer la vie. 
Le succès est immédiat et manifestement à la hauteur de ses espérances car très vite Georges Broeckaert  peut confier à l'imprimeur Van den Acker, installé 21 rue de la Limite (Saint-Josse), le soin de réaliser un catalogue de ses productions. 

Couverture à la japonaise du catalogue Broeckaert
On y trouve notamment quelques 70  propositions  de vitraux pour toutes sortes de baies, impostes ou brise-vue, toutes rehaussées à l'aquarelle. Elles sont numérotées 501 à 578, (avec quelques numéros manquants). Pratiquement c'est toute l'iconographie de base du vitrail Art nouveau bruxellois qui y passe. 

Une page du catalogue Broeckaert

    Lithographie en brun rehaussée à l'aquarelle
                            
Un des modèles standard proposé par Georges Broeckaert 
Vitrail aux iris, la fleur emblématique de Bruxelles. 
Trait lithographié en brun. Rehauts d'aquarelle
Projet de vitrail pour La Maison de la Radio (I. N. R.)
construite entre 1935 et 1938  place Flagey à Bruxelles;
Son architecte, Joseph Diongre, débuta dans l'Art nouveau.
Document retrouvé dans un lot d'archives Broeckaert.

Le nom de  Georges Broeckaert, artisan majeur de la belle époque, est hélas bien oublié aujourd'hui.
Mais par son arrière-petit-fils nous savons que quatre générations au moins de  Broeckaert ont fabriqué des vitraux pour des demeures et des bâtiments officiels bruxellois. Dans les années '30,  ces artisans ont quitté la rue des Charbonniers pour un nouvel atelier installé au 54 rue Masui.
(Remerciements à l'arrière-petit-fils de Georges Broeckaert, qui porte le même prénom que son arrière-grand-père pour les précisions apportée à la fin de cet article)