Le
mystère du Coq Rouge.
Couverture pour la première année du Coq Rouge |
En mai
1895, une nouvelle revue littéraire très confidentielle paraît à
Bruxelles. Sa couverture est illustrée d'un flamboyant coq rouge
Art nouveau qui donne son titre à la revue.
120 ans plus tard,
personne ne semble savoir qui a dessiné ce volatile... et
pourtant... Et pourtant la réponse se trouve le 24 juillet 1897
dans le numéro 203 de la Revue encyclopédique publiée par
Larousse. Ce numéro de 60 pages grand format consacré intégralement
à la Belgique artistique et littéraire compte parmi tous ses
contributeurs le gratin national des belles lettres de l'époque:
Eugène Demolder, Georges Eeckoud, Camille Lemonnier, Octave Maus,
Maurice Maeterlinck, Albert Mockel, Edmond Picard, Émile
Verhaeren...
Extrait de la Revue Encyclopédique n°230 Albert Mockel attribue le dessin du Coq Rouge à Théo Van Rijsselberghe |
L'article
d'Albert Mockel consacré aux Lettres françaises (de Belgique) est
illustré non seulement de 11 portaits d'écrivains mais aussi d'un
dessin, un seul : le Coq rouge que
Mockel attribue au peintre ...Théo Van Rysselberghe. Et ici on peut
lui faire confiance car dans l'ensemble du n° 230 de la Revue
encyclopédique 52 oeuvres d'art
belge sont reproduites et correctement attribuées (dont... un
tableau de Théo Van Rysselberghe). L'erreur est donc
invraissemblable.
Et
pourtant cette information n'a jamais été reprise dans les
ouvrages consacré au travail d'illustrateur de Théo Van
Rysselberghe... Les raisons semblent évidentes:
1)la
Revue Encyclopédique
est un peu oubliée aujourd'hui et
Editorial du 1er n° du Coq rouge |
2)
le nom du dessinateur du coq n'est jamais mentionné dans la revue.
En revanche, dans le premier numéro, l'article éditorial présentant
les objectifs de la revue commence par la lettre “E” incluse dans
une image réduite de la couverture et cette image est “signée”
XH. XH ce sont les initiales probables de Xavier Havermans,
l'éditeur de la revue... Il n'en fallait pas plus pour que le coq
devienne une oeuvre de Xavier Havermans ou XH par ailleurs inconnu
comme artiste. A y regarder de près d'ailleurs le dessin de
Lettrine signée XH |
la vignette diffère
radicalement de celui de la couverture: ce n'est pas une reproduction photographique réduite du coq mais un plagiat assez maladroit. Conclusion: XH a probablement dessiné le coq de la lettrine, mais manifestement pas celui de la couverture... Ce dessin , toujours signé des mêmes initiales, réapparaîtra l'année suivant au dos de 5 numéros du Coq Rouge, la lettre “E” étant cette fois remplacée par Le /Coq Rouge/Revue/Littéraire sur 4 lignes. Cette nouvelle version du Coq apparaît pour la dernière fois en septembre 1896...
Ce
n'est donc pas par erreur et encore moins par pur hasard qu'Albert
Mockel a choisi en juillet 1897 de reproduire dans la prestigieuse Revue
Encyclopédique le frontispice (ou plutôt l'illustration de la couverture) de la très modeste revue Le
Coq rouge dans un numéro spécial consacré aux grandes figures
de la littérature et des arts belges “fin-de-siècle”. Une façon discrète
mais essentielle pour lui de rendre à Théo ce qui appartenait à
Van Rysselberghe.Le Coq rouge de Théo Van Rysselberghe dans toute sa splendeur |
Merci monsieur pour écrire l'article. Je suis occupé à étudier toutes les ressources dont James Ensor disposait pour son art. Je 'tombe' aussi sur l'aspect 'litérature', ce qui est évident. Le Coq rouge est certainement une revue qui James à bien connue.
RépondreSupprimerGondry Dominique