lundi 16 novembre 2015
dimanche 15 novembre 2015
Vitrail art nouveau bruxellois et art du pastel
Art Company est un petit atelier d'art plastique fort sympathique. Il est animé par des artistes qui partagent volontiers leurs passions et leurs techniques . On le trouve au 251 A chaussée de Charleroi à Saint-Gilles (Bruxelles).
Petit miracle : cet atelier est installé dans une maison fin de siècle qui a conservé un très beau vitrail typique de l'artisanat bruxellois au moment de la première révolution moderniste.
Le vitrail de Art Company. 251 chaussée de Charleroi (Saint-Gilles - Bruxelles) |
C'est dans cet atelier que Mathieu
Weemaels expose actuellement une série de ses derniers pastels
consacrés au nu (féminin ou masculin): une vingtaine d'oeuvres tout
en douceur et en fragilité. A mille lieues des inventions de plus en plus saugrenues
de l'art contemporain. Ces petits tableaux pleins de saveurs collent,
de surcroît, parfaitement avec l'ambiance délicate de ce lieu
assez magique.
Les pastels de Mathieu Weemaels
resterons exposés jusqu'au 4 décembre. L'artiste lui-même sera
présent le samedi 21 novembre entre 14 et 18h. Et le 24 novembre comme c'est de tradition dans cet atelier, il donnera une leçon de perfectionnement au
pastel entre 14h et 16h30.
Mathieu Weemaels (en tablier rouge) enseignant l'art du pastel |
En temps normal, l'atelier ART COMPANY est ouvert le lundi de 9h30 à 17h, le mardi jusqu'à midi et le mercredi de 9h30 à 20h30. Il l'est aussi sur rendez-vous : contact au 0475 479 288
jeudi 21 mai 2015
Le mystère du Coq Rouge
Le
mystère du Coq Rouge.
Couverture pour la première année du Coq Rouge |
En mai
1895, une nouvelle revue littéraire très confidentielle paraît à
Bruxelles. Sa couverture est illustrée d'un flamboyant coq rouge
Art nouveau qui donne son titre à la revue.
120 ans plus tard,
personne ne semble savoir qui a dessiné ce volatile... et
pourtant... Et pourtant la réponse se trouve le 24 juillet 1897
dans le numéro 203 de la Revue encyclopédique publiée par
Larousse. Ce numéro de 60 pages grand format consacré intégralement
à la Belgique artistique et littéraire compte parmi tous ses
contributeurs le gratin national des belles lettres de l'époque:
Eugène Demolder, Georges Eeckoud, Camille Lemonnier, Octave Maus,
Maurice Maeterlinck, Albert Mockel, Edmond Picard, Émile
Verhaeren...
Extrait de la Revue Encyclopédique n°230 Albert Mockel attribue le dessin du Coq Rouge à Théo Van Rijsselberghe |
L'article
d'Albert Mockel consacré aux Lettres françaises (de Belgique) est
illustré non seulement de 11 portaits d'écrivains mais aussi d'un
dessin, un seul : le Coq rouge que
Mockel attribue au peintre ...Théo Van Rysselberghe. Et ici on peut
lui faire confiance car dans l'ensemble du n° 230 de la Revue
encyclopédique 52 oeuvres d'art
belge sont reproduites et correctement attribuées (dont... un
tableau de Théo Van Rysselberghe). L'erreur est donc
invraissemblable.
Et
pourtant cette information n'a jamais été reprise dans les
ouvrages consacré au travail d'illustrateur de Théo Van
Rysselberghe... Les raisons semblent évidentes:
1)la
Revue Encyclopédique
est un peu oubliée aujourd'hui et
Editorial du 1er n° du Coq rouge |
2)
le nom du dessinateur du coq n'est jamais mentionné dans la revue.
En revanche, dans le premier numéro, l'article éditorial présentant
les objectifs de la revue commence par la lettre “E” incluse dans
une image réduite de la couverture et cette image est “signée”
XH. XH ce sont les initiales probables de Xavier Havermans,
l'éditeur de la revue... Il n'en fallait pas plus pour que le coq
devienne une oeuvre de Xavier Havermans ou XH par ailleurs inconnu
comme artiste. A y regarder de près d'ailleurs le dessin de
Lettrine signée XH |
la vignette diffère
radicalement de celui de la couverture: ce n'est pas une reproduction photographique réduite du coq mais un plagiat assez maladroit. Conclusion: XH a probablement dessiné le coq de la lettrine, mais manifestement pas celui de la couverture... Ce dessin , toujours signé des mêmes initiales, réapparaîtra l'année suivant au dos de 5 numéros du Coq Rouge, la lettre “E” étant cette fois remplacée par Le /Coq Rouge/Revue/Littéraire sur 4 lignes. Cette nouvelle version du Coq apparaît pour la dernière fois en septembre 1896...
Ce
n'est donc pas par erreur et encore moins par pur hasard qu'Albert
Mockel a choisi en juillet 1897 de reproduire dans la prestigieuse Revue
Encyclopédique le frontispice (ou plutôt l'illustration de la couverture) de la très modeste revue Le
Coq rouge dans un numéro spécial consacré aux grandes figures
de la littérature et des arts belges “fin-de-siècle”. Une façon discrète
mais essentielle pour lui de rendre à Théo ce qui appartenait à
Van Rysselberghe.Le Coq rouge de Théo Van Rysselberghe dans toute sa splendeur |
lundi 16 mars 2015
Promenade n°6 : Les surprises hivernales de l'avenue Albert
Hiver 2015/2016
Mettez à profit ce temps extraordinairement doux pour aller admirer les merveilles Art nouveau de l'Avenue Albert à Bruxelles. En hiver, les arbres dénudés de leur abondant feuillage laissent mieux voir tous les détails des façades de cette belle avenue qui a conserver presqu'entièrement son look fin de siècle. Bonne promenade
Mettez à profit ce temps extraordinairement doux pour aller admirer les merveilles Art nouveau de l'Avenue Albert à Bruxelles. En hiver, les arbres dénudés de leur abondant feuillage laissent mieux voir tous les détails des façades de cette belle avenue qui a conserver presqu'entièrement son look fin de siècle. Bonne promenade
Moyens de transport :trams 23, 91 et 92, semi-métro ligne 3
L'avenue
Brugmann et l'avenue Molière sont très représentatives des
nouvelles conceptions esthétiques et urbanistiques bruxelloises qui
s'imposent à la fin du XIXème siècle: larges avenues arborées
et hôtels de maîtres bourgeois plus ou moins imposants... mais, parfois, une grande liberté créatrice. Aujourd'hui, les arbres ont
disparu de l'avenue Brugmann. Pas ailleurs, il vaut donc mieux se promener dans ces avenues en hiver ou au début du printemps pour admirer quelques chefs d'oeuvre de l'Art nouveau bruxellois.
Au coins de ces deux avenues, 176, 178 avenue Brugmann - 177, 179 avenue Molière, Paul Vizzavona a construit en 1908 trois immeubles Art nouveau: l'hôtel Vandenbroeck (sur le coin) et deux maisons bourgeoises situées de part et d'autre de celui-ci.
Au coins de ces deux avenues, 176, 178 avenue Brugmann - 177, 179 avenue Molière, Paul Vizzavona a construit en 1908 trois immeubles Art nouveau: l'hôtel Vandenbroeck (sur le coin) et deux maisons bourgeoises situées de part et d'autre de celui-ci.
L'hôtel Vandenbroeck (176 avenue avenue Brugmann, 179 avenue Molière . Paul Vizzavona 1908 |
L'ensemble est remarquable par sa composition globale. Coté avenue Molière, il est précédé par un jardinet entouré de grilles forgées en “coup de fouet” et fixées par des piliers de pierres blanches sculptées dans l'esprit modernistes
La superbe porte d'entrée du 176 avenue Brugmann. Fer forgé en coup de fouet et verre anglais |
Les deux maisons qui l'entourent font la transition avec les voisinage sans renoncer au “vocabulaire” Art nouveau avec leurs pierres tailles sculptés et de superbes garde-corps courant sur toute la longueur des façades
Au 112 avenue Molière, on retrouve un peu de cet esprit dans la porte d'entrée et les piliers soutenant la grille du jardinet. Ce n'est pas le cas en face.
Bas relief de Jef Lambeaux réalisé après sa mort |
On retient cette façade uniquement pour le bas relief signé Jef Lambeaux, le sulfureux sculpteur fin de siècle emblématique et provocant (ce qui n'est pas vraiment le cas ici!).
En revanche, juste à côté, au 151 avenue Molière, Jean-Baptiste Dewin construit en 1907 sa maison personnelle dans le style géométrique initié par Paul Hankar.
Maison personnelle de Jean-Baptiste Dewin (1907) 151 avenue Molière |
Désormais coincée entre l'hôtel Phillipot et un immeuble de 7 étages sans âme, cet objet insolite est d'une rare élégance avec ses fenêtres étroites dont la verticalité est encore accentuée par le dessin délicat des vitraux de la porte d'entrée et de l'imposte. Remarquez aussi, sous la corniche, les mosaïques représentant hiboux et fleurs stylisés. Elles sont un peu la signature constante de l'architecte...
Double bow-window avec son délicat décor mosaïqué indisociable de l'esprit de J.-B. Dewin au début du XXème siècle |
L'avenue Molière débouche en cet endroit sur la superbe avenue Albert. Traçée en 1892 à l'initiative du banquier-mécène d'origine allemande Georges Brugmann (décidément très influent dans ce quartier), elle a miraculeusement conservé presque toutes ses caractéristiques architecturales et urbanistiques d'origine, y compris sa longue drève centrale parcourue aujourd'hui par deux voies de tram (semi-métro) mais toujours bordée de maroniers plus que centenaires. . Elle est classée à juste titre zone d'intérêt culturel, historique et esthétique. Suivre son cours c'est l'immersion assurée au coeur du “Bruxelles-fin-de-siècle”.
Le premier étage du 217 avenue Albert signé Albert J. Dosfeld (1906) |
219 avenue Albert. A et A Toisoul Porte d'entrée |
Surprise! A deux pas de là (tournez le coin), au 133 avenue Molière, Albert J. Dosfeld a construit la soeur jumelle de cette maison. Seuls quelques détails décoratif diffèrent.L'intention de l'architecte était évidente mais, aujourd'hui, entre ce deux maisons, un immeuble à appartements d'une rare banalité ne laisse plus qu'un regret: on aimerait imaginer à quoi ressemblait le premier aménagement de ce coin de ville... et on peut s'en faire une toute petite idée nostalgique en regardant la maison construite dans le même esprit fin de siècle par les frères Auguste et Albert Toisoul, au 219 avenue Albert, juste à côté de la maison Dosfeld. Cette maison vient d'être restaurée. La façade a retrouver tout son éclat.
198 avenue Albert. Architecte Alfred Frère (1908) |
L'Art nouveau ou la perfection de la beauté comme un manifeste |
Juste à gauche de cette belle maison, les 194 et 196 avenue
196 et 194 avenue Albert |
Albert, quoique plus modestes, témoignent aussi de l'engouement des bruxellois pour l'Art nouveau local. On y voit sur les travées principales, deux compositions triangulaire inversées. A gauche, partant du haut, 4, puis 2 puis 1 baie, à droite c'est 3, 1, 1. Les garde-corps en fonte sont tous de même modèle floral en coup de fouet ce qui confère une incontestable unité à l'ensemble.
En passant, remarquez le très beau vitrail-paon dominant
la porte d'entrée du 135 avenue Albert. On en verra d'autres un peu plus avant...
Vitrail-paon, 135 avenue Albert |
Au 131 avenue Albert, J.
Renard signe en 1913 cette belle façade de briques vernissées
blanches et verte avec rehauts de pierres bleues qui a conservé tout
son charme délicat malgré la transformation de la baie du sous-sol
en porte de garage et le remplacement des garde-corps d'origine par de très sobres ferroneries modernes.
La façade comme un extraordinaire tableau offert pour le seul plaisir des yeux à tous les passants. Architecte J. Renard - Créateur de la majolique Célestin Helman(1913) |
Le panneau en majolique dominant les trois
fenêtres du second étage a été réalisé par Celestin Helman de
Berchem-SainteAgathe, dont on reparlera un peu plus loin. Très beaux vitraux Art nouveau au-dessus de la
porte d'entée
En 1911, au 84 avenue Albert, Paul Vizzavona
signe avec panache sa dernière réalisation Art nouveau..
Modeste mais très belle maison de pierres blanches dominée par une large corniche soutenue par cinq doubles consoles aériennes . Superbes ferronneries en coup de fouet tant pour les garde-corps des balcons que pour la porte d'entrée qui allie verre américain blanc et métal. Toutes les fenêtres sont magnifiées par des encadrements taillés en coup de fouet directement dans la pierre.
84 avenue Albert. Paul Vizzavona (1911) |
Modeste mais très belle maison de pierres blanches dominée par une large corniche soutenue par cinq doubles consoles aériennes . Superbes ferronneries en coup de fouet tant pour les garde-corps des balcons que pour la porte d'entrée qui allie verre américain blanc et métal. Toutes les fenêtres sont magnifiées par des encadrements taillés en coup de fouet directement dans la pierre.
Daté de 1907, le 60 avenue Albert
est bien dans l'esprit libre du temps. D'inspiration mauresque, la façade est
particulièrement spectaculaire avec ses briques vernissées blanches et vertes et ses pierres bleues sculptées de symboles cabalistiques mystérieux. Un petit regret: les nouvelles boiserie des étages ne sont pas du tout en harmonie avec l'ensemble. mais ne gâchons pas notre plaisir...
...L'imposte au dessus de la porte d'entrée est tout aussi réjouissante avec son paon vitraillé enfermé dans une cage de briques émaillées et de pierres bleues
Balcon du 60 avenue Albert |
particulièrement spectaculaire avec ses briques vernissées blanches et vertes et ses pierres bleues sculptées de symboles cabalistiques mystérieux. Un petit regret: les nouvelles boiserie des étages ne sont pas du tout en harmonie avec l'ensemble. mais ne gâchons pas notre plaisir...
...L'imposte au dessus de la porte d'entrée est tout aussi réjouissante avec son paon vitraillé enfermé dans une cage de briques émaillées et de pierres bleues
Juste en face, au 89/91 avenue Albert, Arthur et Auguste Toisoul qui avaient déjà construit le n°219 de la même avenue édifient dans la première décennie du XXème
89-91 avenue Albert (A. et A. Toisoul) |
Conséquence de l'explosion démographique bruxelloise au début du XXème siècle, tout un quartier de logements sociaux fut créé rue Georges Rodenbach en bordure de l'avenue Albert. Aux 37-39 Henri Jacobs y ajouta l' École communale n°4 suivant les idées qu'il avait déjà mises en application dans plusieurs autres quartiers de la ville: souci constant d'ouvrir les jeunes esprits non seulement à la connaissance mais aussi au culte de la beauté(voir promenade n°5, 1ère partie et d'autres... à venir)
L'ensemble des logements sociaux rue Rodenbach et, à l'avant plan, façade blanche, l'entrée de l'école construite par Henri Jacobs. En briques rouges la résidence du directeur de l'école |
Au n°37, donc, se trouve l'école elle-même: façade de pierre blanche appuyée sur un soubassement de pierre bleue. La porte à deux battants, ornée de belles ferronneries Art nouveau, est surmontée par un grand arc surbaissé portant les armoiries de la commune de Forest. Au premier étage, une large baie divisée par trois menaux de pierre blanche sculptés éclaire la salle cours. La façade se termine par un entablement dont la corniche supporte un élégant parapet Art nouveau composé de pierres ajourées et de fers forgés. Le hall d'entée décoré de superbes sgraffites donne accès à un grand préau lumineux distribuant les classes.
Balcon du 39 rue Georges Rodenbach Henri Jacobs |
Depuis
1990, cet ensemble scolaire est occupé par l'École en couleurs
(pédagogie laïque Decroly).
.
Entrée de la cité sociale de la rue Marconi Léon Govaert (1902) |
Poursuivez votre promenade jusqu'au début de l'Avenue Albert d'où vous aurez une vue superbe sur le parc de
Forest. A gauche et à droite belle collection de
maisons Art nouveau.
Côté gauche, jetez un coup d'oeil en passant aux 127 (villa Rhéa), 121 et 119 de l'avenue Victor Besme et vous aboutirez au 103 avenue Besme. Alphonse Boelens y
construit en 1903 une superbe villa Art nouveau entourée sur trois côtés d'un jardin japonisant. Cette oeuvre parfaitement maitrisée est située à un endroit privilégié: elle domine toute la vue sur le parc dessiné 30 ans plutôt par Victor Besme.
103 avenue Victor Besme. Alphonse Boelens (1903) |
construit en 1903 une superbe villa Art nouveau entourée sur trois côtés d'un jardin japonisant. Cette oeuvre parfaitement maitrisée est située à un endroit privilégié: elle domine toute la vue sur le parc dessiné 30 ans plutôt par Victor Besme.
Pour la petite histoire, il y a trois
décennies cette maison échappa de justesse aux griffes d'un
promoteur immobilier qui projetait de la remplacer par un bloc d'appartements. Elle est aujourd'hui
classée et restaurée avec fidélité.
Une fois de plus il s'agit de l'oeuvre
d'un jeune architecte (Boelens a 26 ans) avide de modernisme.
Baie du rez-de-chaussée éclairant de grandes salles de réception. Alphonse Boelens (1903) |
Juste en face, au 5 avenue du Mont Kemmel, Arthur Nelissen, architecte d'origine hollandaise, se construit une
L'étonnant balcon immaginé par Arthur Nelissen |
Deux chefs d'oeuvre de l'Art nouveau bruxellois. Côte à côte |
Détail de la façade du 6 avenue du Mont Kemel. Le maître des majoliques y fait la promotion de se produits. |
Moyens de transport: place Albert : semi métro ligne 3, trams 55 et 90
Malgré nos recherches, il ne nous a pas toujours été possible de déterminer la date du décès des architectes ou des artistes ayant réalisé une oeuvre montrée dans cet article ou de contacter leurs ayants droit. Toute précision ou information sera immédiatement prise en compte. Sans autorisation, le ou les documents photographiques concernés seront immédiatement retirés. .
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