Promende n°5 - Au coeur de la ville (2ème partie ):
de Manneken Piss au royaume de Tintin
Moyens de communication
Point
de départ : rue du Chêne, The
Mannekenpisplace.
Accès place de la Bourse: métro ligne 5 et 6 (Bourse); Trams : 3,
4, 31,32 et 33 ; bus 48 et 45 (rue du Lombard)
Sculpté par Jérôme Duquesnoy (1565-1641), Manneken Piss, le plus vieux bourgeois de Bruxelles fait son petit
pipi depuis 400 ans à l'angle de la rue du Chêne et de la rue de l'Etuve.
Chaque jour, hiver comme été, qu'il vente ou qu'il drache, Chinois, Japonais, Anglais, Américains, Brésiliens, Russes, Allemands, Coréens et même...Belges
viennent se faire tirer le portrait devant ce Bruxellois hors du commun et, faut-il le préciser?,unique au monde.
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La foule d'admirateurs aux pieds du Manneken Piss est souvent inouie. |
Prenons donc la rue de l'Étuve comme point de départ pour une autre promenade Art nouveau au coeur de la ville.
1-
Immeubles de rapport signés Hamesse et Vizzavona
Prenez
la rue de l'Etuve en direction de la la Grand Place de Bruxelles.
Par temps ensoleillé vous aurez dans votre perspective la flèche
gothique toute blanche de l'Hôtel de ville et juste sur son côté
droit, à l'angle de la rue du Lombard , l'immeuble de rapport
construit en 1909 par Paul
Vizzavona, n° 30/32 rue du Lombard.
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30/32 rue du Lombard. Architecte: Paul Vizzavona (1907) |
Le
rez-de-chaussée a malheureusement été "modernisé" (autant dire : dénaturé) mais le reste de cette façade
monumentale a conservé tous ses éléments Art nouveau qui ont fait pendant dix ans le style Vizzavona: encadrements
des fenêtres, gardes-corps des balcons en fer forgé comme l'épi couronnant la tour
d'angle mansardée.
Un
peu plus bas, au n°9
rue du Lombard, Paul Hamesse construit
en 1905
un autre immeuble de rapport dans le style géométrisant qui le
caractérise:
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5-9 rue du Lombard. Paul Hamesse (1905) |
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éléments décoratifs taillés dans la pierre bleue,
oriels métalliques sur deux étages couronnés de balcons en fer
forgés). La signature de l'architecte se trouve discrètement au dessus de la petite porte d'entrée de gauche conduisant
aux appartements. Malheureusement, ici aussi, les vitrines modernisés du magasin ne
sont plus en harmonie avec cette réalisation. |
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Angle de la rue du Marché au Charbon et de la rue des teinturiers |
Faisant
le coin de la rue du Marché au Charbon et de la rue
des Teinturiers (n°17/19),
autre immeuble de rapport d'inspiration moderniste avec ses trois
oriels courant sur trois étages.
Celui de l'angle est couronné d'un balcon auquel on accède par deux portes-fenêtres surmontées d'un beau sgraffite (non enluminé) quiets sans doute l'oeuvre d'un peintre symboliste, peut-être Émile Fabry ou Jean Delville...
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Des sgraffites symbolistes peu commun |
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Porte d'entrée du 37 ru du Marché au Charbon |
De ce croisement vous apercevrez dans la continuation de la tortueuse rue du Marché au Charbon la très remarquable vitrine peinte en jaune d'un magasin (aujourd'hui d'instruments de musique):le 37 rue du Marché au Charbon. Une insolite survivance anonyme de l'époque Art nouveau qui montre à quel point les architectes et décorateurs étaient soucieux d'éveiller la sensibilité de tout un chacun en intègrant l'Art nouveau dans le décor urbain le plus ordinaire.. projet que l'on retrouve à deux pas de ce lieu avec la pharmacie du Bon secours décorée par Paul Hamesse
2
- Paul Hamesse ajoute une pharmacie et un cinéma au décor
En 1905, au coin de la rue Bon secours (du nom de l'église vpoisinne) et du Boulevard Anspach (n°160), Paul Hamesse
aménage aussi, dans un immeuble construit après le recouvrement de la Senne (1866-1871), la Pharmacie
du Bon Secours
de M. Vercauwen.
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Façade de la pharmacie, côté rue Bons Secours. Paul Hamesse (1905) |
Le mobilier a été
dispersé il y a quelques années seulement, lorsque le dernier pharmacien a mis la clé sous le paillasson. Une partie de ce mobilier se trouve au
Musée d'Art et d'Histoire (Cinquantenaire), une autre au Musée
d'Orsay à Paris. On peut juste encore admirer les très belle vitrines dont tous les éléments ont été conservés: vitraux, portes, consoles (et porte intérieure).
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Vitraux de la pharmacie du Bon Secours |
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Le 160 boulevard Anspach,
tel quel aujourd'hui |
Malheureusement, ce petit joyaux de l'Art nouveau - qui appartient aujourd'hui à la Communauté flamande (elle y abrite un organisme social) - mériterait quelques judicieux travaux de restaurationentretenu . La façade côté boulevard Anspach est dans un état désolant.
Paul Hamesse a aussi construit cinq cimémas
bruxellois entre 1910 et 1914. Un
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Cinéma Pathé, Paul Hamesse (1913)
en attendant la restauration |
seul a survécu, le Pathé Palace au n°85 boulevard Anspach, construit en 1913. Le coq de la célèbre société cinématographique domine toujours fièrement la façade spectaculaire avec son vaste porche d'entrée et son grand bow-window vitré éclairant de grandes salles d'accueil et de détente témoignant de la formidable puissance de séduction de l'invention des frères Lumière
Cet édifice, sauvé de la destruction par la Communauté française, a d'abord servi de salle de spectacle provisoire avant sa restauration... Un travail impressionnant et toujours en cours car derrière la façade relativement étroite se développait une très grande salle de cinéma et sur le côté droit (rue Van Praet) un café et un restaurant dont le décor avait été également imaginé par Paul Hamesse.
3
- Rodin et Falstaff
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L'ex bourse de Bruxelles deviendra peut-être un jour le Musée de la bière (belge, évidemment) |
Au
milieu du XIXème siècle, la Senne, petite rivière qui zigzague
depuis huit siècles à travers la ville, s'est transformée en
égoût à ciel ouvert. La population explose. Multipliée par trois en quelques décennies, elle dépasse
les 150 000 habitants. L'assainissement de la rivière s'impose. En 1866, plus de mille maisons sont
expropriées, la Senne est canaliése, voûtée et recouverte par des
boulevards centraux ornés d'édifice prestigieux. Parmi ceux-ci la
nouvelle Bourse à laquelle
collabora notamment un jeune sculpteur de talent : Auguste Rodin. Deux statues (à l'intérieur) lui sont attribuées. Désaffectée depuis 20 ans, la Bourse pourrait accueillir un futur musée de la bière...En attendant, elle abrite épisodiquement des expositions de grande ampleur...
Le
long de ce bâtiment, un restaurant créé en 1886 fut racheté en 1903 par une dame Broeckaert pour y établir le Falstaff (17-21 rue Henri Maus): un débit de boisson destiné surtout aux riches agents de change qui grouillaient dans le quartier. Pour les séduire, elle n'hésite à engager de grands frais et fait appel à un artisan qui a notamment collaboré avec Victor Horta: Émile Houbion
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Une des deux grandes vitrine du Falstaff (É;Houbion 1903) |
Le résultat est aussi superbe que spectaculaire: sous un grande marquise en métal et verre américain, Émile Houbion dessine une façade Art nouveau dans le style géométrique préconisé par Hankar. Elle est découpée en six parties, les plus remarquables étant les deux grandes vitrines carrées de l'établissement audacieusement divisées par deux cercles excentriques, une courbe tangentielle et deux verticales.
Tout le reste est à l'avenant : il faut séduire et satisfaire les agioteurs...tout est donc luxe, fièvre et volupté. Lustres floraux, vitraux, miroirs biseautés, ameublement et ferronneries (à voir, la rampe de la descente aux toilettes
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Première salle du Falstaff |
digne d'Horta) invitent aujourd'hui à un voyage au temps où spéculateurs et boursicoteurs échangeaient leurs tuyaux financiers en ingurgitant force gueuzes et autres lambics. Dans la salle du fond, éclairée par une verrière zénithale, un grand vitrail glorifie John Falstaff, héros shakespearien et, forcément,grand buveur de bière.
Ce rare survivant d'une époque qui compta beaucoup de bistrots à la mode n'a quasiment subit aucune transformation en un siècle si ce n'est la très belle enseigne art déco à côté de la porte d'entrée qui date des années '30.
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Troisième salle du Falstaff Avec les trois vitraux évoquant le héros shakespearien. |
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Projet d'ameublement.
Aquarelle d'Émile Houbion |
D'Émile Houbion on ne sait pratiquement rien aujourd'hui. Un tour sur internet nous a permis de trouver récemment sur un site de mise en vente la reproduction d'une aquarelle de sa main présentant un projet d'ameublement. Sur ce document une indication précise: Houbion était Fabricant d'ébénisterie et de menuiserie d'art et son atelier se trouvait 21 rue de Vienne à Ixelles (rue rebaptisée après la guerre de 14-18 rue Major Dubreucq).
De
l'autre côté de la Bourse, un autre établissement a lui aussi résisté au temps qui passe. Il date
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Le Cirio, daté 1886, mais dans certains aménagements on y devine quelques influences modernistes. |
de 1886. Le Cirio, 18 rue de la Bourse a été créé par Francesco Cirio. C'était une maison de bouche réputée pour ses spécialités italiennes. Antérieur de près de vingt ans au Falstaff, il a manifestement été reloocké en partie au tournant du siècle (dans la seconde salle). Mais comme le Faldstaff, ce troquet a conservé l'essentiel de son décor d'origine.
4
- Les Majoliques de Privat Livemont
La rue du Marché au Poulet est parallèle à la rue de la Bourse. Il suffit de tourner le coin. Au 32-34 rue du Marché aux Poulets, Privat
Livemont nous offre depuis 1897 une séquence inouie de 26
tableaux en majolique réalisés d'après ses dessins par la
faiencerie Boch de La Louvière.
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La Grande Maison du Blanc - Décor de façade créé par Privat- Livemont (1897)
C'était une commande de La Grande Maison du Blanc. Un long bandeau en carreaux de céramique rouge avec lettres blanches annonce toujours : bonneterie, dentelle, corsets, layette, trousseau, lingerie, chemiserie, toile, linge de table, coton, tapis, rideaux, robes, tissus Aujourd'hui, l'apparence du rez-de-chaussée et du premier étage de cet ex-grand magasin est totalement dénaturée par un affichage criard à toutes les fenêtres.
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Chaque femme évoque un métier très féminin. Mais aussi le commerce et l'industrie |
En attendant une restauration profonde du rez-de-chaussée de cette façade, il faut donc lever
les yeux pour admirer cette fresque qui, entre chaque fenêtre,
couvre les deux deux étages supérieurs d'un bâtiment par ailleurs
purement néo-classique: les douze panneaux féminin vantent commerce
et industrie mais surtout les activités traditionnelle de la femme :
filage, tissage etc... Les autres panneaux sont à motifs floraux
En
face de la Maison du Blanc, 41
rue Marché aux Poulets, une façade Art nouveau très caractéristique attire
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41 rue du Marché-aux-Poulets. Le balcon surmontant la logette |
l'oeil. Elle court sur six étages en se transformant à chaque niveau : longtemps enlaidie par une vilaine enseigne, elle a presque retrouvé son âme. Les niveaux supérieurs permettent en tout cas d'imaginer l'original: d'abord une baie vitrée ovale divisée par deux meneaux déterminant toute l'harmonie de la façade. Ils supportant la logette surmontée d'un superbe balcon trapézoïdal avec auvent. Aux derniers étages "rappel" du
rez-de-chaussée i et du premier étage. Remarquez la façade de brique blanches rythmée d'assises en pierres bleues et en briques rouges
5 - Horta et Rousseau, Grand Place
De la rue du Marché aux Poulets, rejoignez la Grand Place et son magnifique décor reconstruit après le bombardements de la ville exécuté sans raison sur l'ordre de Louis XIV (1695). En 1899, Victor Horta et le sculpteur Victor Rousseau associent leurs talents pour rendre hommage au bourgmestre Charles Buls, grand défenseur du Bruxelles historique. Cet hommage - Les artistes reconnaissants - En souvenir des maîtres architectes brabançons - se trouve placé rue Charles Buls juste à côté du gisant de 't Serclaes dont tant de touristes ont caressé la main et le bras en faisant un voeu de bonheur, que ceux-ci sont complètement usés.
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Bas relief de Victor Rousseau |
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Gisant de 't Serclaes au bra usé par les
caresses des touristes
qui en espèrent un peu de bonheur |
.
En 1904, à quelques pas de la Grand Place, au 7 rue de la Madeleine Léon Sneyers a créé la façade et le décor de magasin Marjolaine. Pendant longtemps, la façade fort
malmenée (recouverte complètement de peinture verte - vitraux compris - jusque dans les années 90 et même emboutie par une Citroën 15 dans les années 50) a été restaurée
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Une façade restaurée avec amour |
complètement dans son état d'origine (y compris la porte d'entrée pas toujours visible, mais soigneusement conservée). Cela permet d'admirer la délicatesse des boiseries et des vitraux créés par une des plus fervents admirateur de la Séccession viennoise à Bruxelles. A l'intérieur, les rayonnages du côté droit sont d'époque. (voir aussi la maison Cortvriend, 6-8 rue de Nancy, première oeuvre architecturale de Léon Sneyers - promenade n°5)
...et un restaurant
Autre lieu soigneusement préservé des injures du temps : le restaurant Vincent, installé rue des Dominicains, en plein coeur du quartier les plus touristique de Bruxelles. Établi en 1905, le lieu n'a pratiquement pas changé depuis cette date. Au mur vous trouverez encore le tarif des consommations et des repas pratiqués en 1912 ( l'occasion de constater que le franc-or de l'époque vaudrait aujourd'hui une bonne dizaine d'euros - les prix ont été multipliés par 400 en un siècle).
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La grande salle de Chez Vincent et ses majoliques qui évoquent la pêche en mer et la récolte des crevette le long des plages de la mer du Nord. |
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La cuisine et son étonnant décor |
Le lieu est assez étonnant: plafond et murs sont totalement recouverts de grandes majoliques, tableaux en céramiques d'art réalisés par Helman d'après les oeuvres d'un peintre hollandais... Helman était probablement le plus prolifiques des artisans bruxellois de cette époque spécialisés dans ce genre de réalisations. Ici, même la cuisine est décorée de la même façon, ce qui en fait probablement la plus artistique de toutes les cuisines de restaurant du monde entier....
7
– Place de Brouckère, l’Hôtel
Métropole
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Le grand hall de réception de l'Hôtel Métropole. Un décor souvent utilisé par le cinéma. |
Dernier
survivant bruxellois de la belle époque, le luxueux Hôtel
Métropole, a été construit par Alban Chambon. Inauguré en 1895,
il n'est que très marginalement marqué par le modernisme qui
venait d'éclore.
Son entrée monumentale de style Renaissance, son hall de réception et sa grande salle Empire faits pour éblouir les voyageurs, sont les témoins aussi précieux qu'éblouissants du
conservatisme bourgeois sans imagination dont Victor Horta signa
l'arrêt de mort. A voir absolument, la superbe salle du café, avec
ses lustres et ses glaces qui laisse quand même transparaître une
certaine influence de l'Art nouveau qui s'installe massivement
dans toute la périphérie bruxelloise. Cinq ans après
l'inauguration de cet hôtel, Horta construira, 111 rue Neuve, à
quelques centaines de mettre de là, les grands magasins A
l'Innovation (détruits tragiquement en 1967 par un incendie qui fit
323 victimes) et puis en 1906 et 1909 les magasins Wauquez, rue des
Sables (que nous verrons plus loin) et les établissements du
bijoutier Art nouveau Philippe Wolfers, rue d'Arenberg (les vitrines
de ce magasin qui fut transformé en banque se trouvent au Musée
d'Art et d'Histoire et servent à présenter quelques chefs d'oeuvre
de l'Art nouvrau belge).
8 - En passant par l'Espérance
De
la place de Brouckère; remontez le boulevard Adolphe Max jusqu'à la
petite rue du Finistère. Elle longe l'église du même nom et abrite
un ravissant petit établissement décoré dans le style art déco
des années 1925: c'est la bien nommée Taverne
de l'Espérance,
autrefois bordel, aujourd'hui classée et aménagée en petit hôtel
confortable.
Par
la rue aux Choux on arrive près de la place des Martyrs, ci-devant
place Saint-Michel, construite en 1775 sous le régime autrichien et
rebaptisée Place des Martyrs de la Liberté après la révolution de
1830. Le monument central, est entouré d'une crypte où sont gravé
les noms des 467 révolutionnaires tués à Bruxelles lors des
Journées de Septembre. Aux extrémités de la place, deux autres
monuments sont érigés en 1897 et 1898 à la gloire de deux de ces
victimes, Jenneval et le Comte Frédéric de Mérode. Le socle du
second, très étonnant avec ses courbes ondulantes, a été dessiné
par Henri Van de Velde, grande figure de l'Art nouveau belge mais qui
exerça essentiellement ses talents moderniste en Allemagne où il
fonda l' école de Weimar en 1902. A Bruxelles, il a conçu le décor,
l'ameublement et les vitraux de l'hôtel Otlet créé par Octave Van
Rysselberghe et, en 1895, les plans de sa propre
maison, le Bloemenwerf, avenue Vanderaye à Uccle. Avant 1900, cette
maison fut un foyer extraordinaire de créativité pour tout le
modernisme européen.
8.
La Bande dessinée chez Horta... et chez Pringier
Reprenez
la rue aux Choux, jusqu'à la rue du Marais, tournez à droite puis
prenez à gauche dans la rue des Sables. Longtemps cette rue étroite
a été un centre journalistique important.Au n° 33/35 Le siège
Art nouveau du journal socialiste Le Peuple y a été construit en
1905 par un élève de Victor Horta, Richard
Pringiers.
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Maison de la presse socialiste. Richard Princiers (1905)
L'influence de Victor Horta se voit ici dans les arabesques des fers forgés du balcon |
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En face de Tintin, Max Sleens |
Le
rez-de-chaussée a été modernisé en 1931 par Fernand Brunfaut, mais
le reste de la façade a été conservé dans son état d'origine
avec l'enseigne “La
Presse socialiste coopérative”. Ce
bâtiment abrite aujourd'hui un petit musée consacré au dessinateur
de bande dessinée Marc Sleens, créateur de Néron (tout à fait contemporain du Tintin de Hergé).
Juste
en face, au
20 rue des Sables, Victor Horta avait
construit simultanément (entre 1903 et 1906) les magasins Waucquez, spécialisés
dans le commerce de tissus en gros. Abandonné, vandalisé pendant
plus de 20 ans, cet immeuble est miraculeusement sauvé du désastre
par quelques amoureux de l'Art nouveau et de la bande dessinée - notamment Guy et Leona Decissy qui sauvèrent aussi la Maison Cauchie. Il devient en 1989 Le Centre belge de la Bande dessinée. Horta sauvé
par Tintin et Spirou en quelque sorte! Le bâtiment est superbe avec
ses grandes baie vitrée sur deux étages, ses pierres blanches
taillées en vagues mouvantes, ses extraordinaires fers forgés
arachnéens, et surtout , à l'intérieur, un vaste espace
harmonieux ouvert en son milieu comme une cathédrale de lumière
soutenue par des piliers de fonte. Au milieu de cet espace
fantastique trône un lampadaire monumental aux globes soutenus par
des potences en coup de fouet stupéfiantes. Un lieu idéal pour
magnifier toute l'inépuisable richesse de la bande dessinée
mondiale.
9.
La pause
Le
Centre Belge de la Bande Dessinée comprend également une brasserie
où se reposer dans une atmophère très poétique après une aussi
longue promenade.
Malgré nos recherches, il ne nous a pas toujours été possible de déterminer la date du décès des architectes ou des artistes ayant réalisé une oeuvre montrée dans cet article ou de retrouver des ayants droit. Afin de ne pas enfreindre involontairement la législation sur les droits d'auteurs, toute précision ou information concernant l'un ou l'autre document photographique sera immédiatement prise en compte. Sans autorisation, le ou les documents photographiques seront immédiatement supprimés.